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TOTAL's CEO/francais



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The following story was published in the Liberation national daily, two
days before the Big Bang of the Total PetroFina General Assembly of
Shareholders here. Despite the fact that Thierry Desmarest lost billions
12% of the company share value on one day in December over the
announcemnt of fusion,now stalled under review by the EU, Liberation saw
fit to give TOTAL a big public relations boost, and the fact is that
Chargeurs, the french company of capitalist Jerome Seydoux now holds
some a large percentage as does Bougues and TF1, the French national
privately held television channel of the once pristine and vanguard
socialist Mitterand icon of the press. 

dawn star

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Thierry Desmarest, 53 ans, PDG discret du groupe pétrolier Total, en a fait
un géant mondial en rachetant le belge PetroFina.

Le patron total

     [Image]                          Thierry    Décembre
                                      Desmarest  1980.
                                      en 7 dates Entre chez
                                                 Total en
                                      18         tant que
                                      décembre   directeur de
                                      1945.      Total à
                                      Naissance  Alger.
                                      à Paris.
                                                 Juillet
                                      Janvier    1989.
                                      1971.      Devient
                                      Nommé à la directeur
                                      direction  général de
                                      des Mines  l''exploration
                                      de         - production
                                      Nouvelle-Cade Total.

                                      Septembre  Mai 1995.
                                      1975.      Nommé

                                      Retour à   président-directeur
                                      Paris au   général de
                                      cabinet du Total.
                                      ministre
                                      de         1er décembre
                                      l'Industrie1998.
                                      Michel     Annonce le
                                      d'Ornano.  rapprochement
                                                 de Total
                                                 avec
                                                 PetroFina,
                                                 faisant du
                                                 nouvel
                                                 ensemble,
                                                 Total Fina,
                                                 le 5e
                                                 pétrolier
                                                 mondial.
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Par ALEXANDRA SCHWARTZBROD
PHOTO ISABELLE LEVY

Le 12/01/1999

             [I] l est l'un des premiers patrons de France, et personne,
                 ou presque, ne le connaît. Thierry Desmarest, garçon
«Nous, on   poli, ne dit jamais un mot plus haut que l'autre, ne traîne
  n'a pas    pas dans les dîners en ville, prend garde d'éviter les
   d'état    sujets politiques et s'entend à vous détailler un contrat
d'âme, on   pétrolier comme d'autres décortiqueraient une volaille... la
    est      gourmandise en moins. Le président de Total est un homme
cohérents   désespérément normal, que l'un de ses anciens patrons
    avec     appelait «Mister No-Mistake», monsieur Sans-Fautes. Ce
nous-mêmes. portrait pourrait s'arrêter là si deux événements récents
    Vous     n'avaient retenu notre attention.
  verriez
  ce qu'on   Il y a quelques semaines, sur le plateau de Capital,
a fait en   l'émission vedette de M6, les dernières images d'un
Birmanie:   reportage sans concessions sur les relations africaines du
favoriser   pétrolier Elf s'estompent, et un homme au visage de petit
    des      garçon apparaît à l'écran. Le patron de Total, d'une voix
  sources    posée, explique que le monde du pétrole n'est pas aussi
  licites    tordu qu'il en a l'air, que l'on peut faire des affaires
     de      sans pour autant perdre son âme... Des yeux myosotis, des
  revenus,   cheveux bien peignés, un sourire d'ange... on ne lui
     le      donnerait pas le bon Dieu sans confession, il l'a déjà.
dévelop-pemeAussi, quand son interlocuteur le pousse à avouer que des
local...»   commissions se glissent de temps à autre pour obtenir un
             marché, on éprouverait presque de l'indignation envers tant
             d'agressivité. C'est alors qu'il y a un blanc. Un long
             blanc. Le petit garçon souriant se mue en homme dur. Il ne
             peut ni reconnaître que la pratique des commissions existe
             encore ni démentir. Muet, il hausse, puis laisse retomber
             lourdement ses bras. Il a tout dit. Ce sont les silences de

             Thierry Desmarest qu'il faut écouter.

             Le mois dernier aussi, si l'on avait mieux perçu son
             silence, on aurait peut-être compris avant l'heure que Total
             allait mettre la main sur le belge PetroFina, et non Elf,
             comme tous les experts l'annonçaient depuis quelques
             semaines. Au moment où seuls les géants parviennent à
             encaisser la chute des cours du pétrole, ce discret coup de
             maître a propulsé le groupe dans le peloton de tête des
             grandes compagnies mondiales. A quelques encablures des
             Exxon-Mobil, Shell, et BP-Amoco, et surtout très loin devant
             son vieux concurrent Elf, qu'il talonnait jusqu'alors. Il a
             donc suffi à Thierry Desmarest de trois jours et deux
             silences (entre la diffusion de Capital le 29 novembre et le
             rachat de Petrofina le 2 décembre) pour faire savoir qui des
             deux pétroliers français était le meilleur. Et si le patron
             de Total était plus habile que gentil? «Je ne suis pas
             obligé d'injurier mes collaborateurs pour les faire
             travailler davantage. Si vous commencez à instaurer un style
             cassant, les gens vont faire de l'autocensure. J'ai pour
             politique de laisser les gens à l'aise pour qu'ils soient
             libres de tout me dire», explique Thierry Desmarest.

             «Gentil... ce n'est pas le qualificatif que je lui donnerais
             en premier», réfléchit son prédécesseur, Serge Tchuruk. «Ce
             serait plutôt... comment dire... a "no non-sense man",
             quelqu'un qui ne s'égare jamais...» Impressionné par cette
             qualité qu'il ne possède pas (il est connu pour ses
             emportements), Tchuruk a vite fait de Desmarest son dauphin:
             «Quand on m'a proposé la présidence d'Alcatel, j'ai dit: "Je
             partirai si ce gars-là me succède."» Aujourd'hui, le patron
             du groupe d'électronique n'est pas peu fier de ce qu'il
             considère comme une de ses réussites. L'agence de presse
             Reuters ne s'y est pas trompée non plus. Peu après le rachat
             de PetroFina par Total, elle saluait en Desmarest le talent
             du «joueur de poker», qui, déjà il y a plus d'un an, défiait
             les Etats-Unis en décidant d'investir en Iran, pays interdit
             à la communauté internationale par le «Grand Satan».

             Il règne sur Total en direct, sans garde rapprochée, sans
             coups de colère. Et donc sans contestation («C'est agréable
             pour une fois de travailler avec quelqu'un qui n'est pas
             cyclothymique», dit l'un de ses collaborateurs). Et il n'en
             est pas peu fier. Il savoure son plaisir tous les matins en
             gagnant son fauteuil de président, au 30e étage de
             l'imposante tour de La Défense. Cet ingénieur des Mines a
             été formé pour être patron, il l'est, il s'épanouit, il
             respire. Chez d'autres, le pouvoir décuple l'agressivité,

             chez lui, il équilibre la machine. «Cela l'a rassuré de
             devenir président. Il s'est transformé. Il parle et il se
             livre davantage. Quand je prenais l'avion avec lui dans les
             années 80, il mettait son masque, prenait un somnifère et se
             tournait de l'autre côté. Maintenant, à l'aller, on bosse,
             au retour, on parle de la vie...» raconte quelqu'un qui le
             connaît bien.

             La vie, c'est sa femme, qui lui reproche gentiment d'avoir
             dû sacrifier sa carrière de médecin anesthésiste pour le
             suivre dans ses périples et élever leurs trois enfants. Son
             appartement de Saint-Germain-des-Prés, dont il s'échappe le
             samedi pour sillonner le quartier. Ses vacances annuelles au
             ski (d'où il n'appelle jamais). Ses soirées («Je n'aime pas
             travailler après le dîner»). Sa maison en Provence, dont il
             goûte la lumière. Et surtout ces champs de pétrole partout
             sur la planète, auxquel il a consacré, depuis près de vingt
             ans, l'essentiel de son temps. L'or noir, il aime ça. Il en
             connaît les qualités, les défauts, les faiblesses, il «sent»
             le marché... C'est lui qui, en diversifiant les sources
             d'approvisionnement, a dopé l'activité
             «exploration-production» du groupe, l'une des forces de
             Total aujourd'hui.

             La seule chose qui le fait sortir de ses gonds, c'est quand
             on l'attaque sur ses choix. Ainsi, ce chantier en Birmanie,
             où le pétrolier a été accusé de faire travailler des
             enfants, de déplacer des populations, de faire le jeu de la
             dictature. «Nous, on n'a pas d'état d'âme, on est cohérents
             avec nous-mêmes. Vous verriez ce qu'on a fait en Birmanie:
             favoriser des sources licites de revenus, le développement
             local... C'est bien gentil de jouer les moralisateurs et
             d'enfermer les pays dans leurs problèmes. N'empêche que si
             on n'avait pas mis un embargo sur Cuba, ce serait peut-être
             mieux maintenant là-bas...» L'engagement enflammé a
             cependant ses limites. Ce fils d'un magistrat de la Cour des
             comptes, grandi à Paris dans la rigueur («Chez nous, le
             boulot, c'était le boulot, on ne passait au reste que quand
             c'était terminé»), sait très bien jusqu'où il peut ne pas
             aller. «Il n'est pas de notre responsabilité de vouloir
             changer les gouvernements. Ceux qui en ont eu la tentation
             s'en sont mordu les doigts!...» Il ne faut pas confondre les
             torchons et les serviettes, Total et Elf, le concurrent
             englué dans ses «affaires» africano-asiatiques.

             Sous ses airs de robot mécanique, le patron de Total est
             donc capable de s'engager, de s'exposer. L'investissement
             iranien était un risque, le rachat de PetroFina aussi. La
             Bourse a sanctionné durement l'acquisition belge, jugée trop

             coûteuse, et il n'y a qu'à voir l'ampleur de la campagne
             publicitaire déclenchée depuis lors par Total pour
             comprendre à quel point Thierry Desmarest doit frémir sous
             son masque impassible. Il joue gros dans cette affaire. Et
             d'abord son rêve: celui de faire partie du club des grands.
             «On commence à ne plus être à la portée de n'importe qui»,
             confiait-il quelques jours après le rachat de PetroFina.
             Cette fois, cette unique fois, nous avons bien cru voir
             étinceler dans l'?il une petite lueur gourmande.

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                               © Libération

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