[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index ][Thread Index ]

Why France loves its Oil dictators/



Subject: Why France loves its Oil dictators/ELF TOTAL

>From Le Monde today. To show you how Elf does it, or did it. October 25,
TOTAL FINA ELF  DAY. 

And remember, french politicians, a lot of them in the GISCARD BARRE
CHIRAC mold, loved MOBUTU and the other African dictators. And you want
to know why?.....Read this. 

L'enquête du juge Perraudin dévoile les
                     secrets africains d'Elf 

                     De 1990 à 1997, plus de 600 millions de francs ont
transité sur les
                     comptes suisses du « M. Afrique » du groupe
pétrolier, André
                     Tarallo. Ces comptes auraient servi à verser des «
rémunérations »
                     occultes à des présidents africains, dont le chef
d'Etat gabonais
                     Omar Bongo 


                     Mis à jour le samedi 23 octobre 1999

                     LE CAMOUFLAGE est volontaire, la rature judiciaire
- peut-être
                     diplomatique -, Validée par le paraphe du juge
d'instruction genevois
                     Paul Perraudin, elle recouvre d'un trait, à de
multiples reprises, le
                     nom du président de la République gabonais, El Hadj
Omar Bongo,
                     sur les documents adressés, à la mi-octobre, par le
magistrat suisse
                     à ses collègues françaises chargées de l'affaire
Elf, Eva Joly et
                     Laurence Vichnievsky. Cette dissimulation ne suffit
pas à occulter,
                     dans le dossier désormais en possession des
enquêteurs français, la
                     nature compromettante des relations financières
liant le chef d'Etat
                     gabonais au groupe pétrolier. Mais elle a eu pour
effet d'interdire à
                     M. Bongo d'exercer un recours devant les
juridictions helvétiques
                     pour empêcher - ou ralentir - la transmission de
ces nouveaux
                     éléments, qui dévoilent le pan le plus sensible des
secrets africains
                     d'Elf Aquitaine.

                     Parmi les pièces transmises figurent les relevés
des comptes
                     bancaires détenus, entre 1990 et 1997, dans
plusieurs banques
                     suisses par l'ancien directeur des hydrocarbures du
groupe
                     Elf-Aquitaine, André Tarallo. Selon l'enquête, ces
comptes ont vu
                     transiter quelque 610 millions de francs français,
dont une part
                     importante provenait de commissions versées par Elf
en marge de
                     contrats pétroliers. Interrogé à quatre reprises
par le juge suisse, les
                     9 mars, 10 mars, 4 mai et 22 juin, M. Tarallo s'est
défendu d'avoir
                     capté de telles sommes à son profit, expliquant
qu'il gérait ces fonds
                     à la demande de son « mandant » -  « une haute
personnalité
                     africaine dont je ne souhaite pas révéler
l'identité en raison des
                     responsabilités d'ordre national qu'elle assume ».
Les recherches
                     conduites dans les banques de Genève, Lausanne et
Zurich qui
                     abritaient les comptes de M. Tarallo attestent
qu'il s'agit bien du chef
                     de l'Etat gabonais, dont la signature figure sur
certains documents
                     retrouvés dans les archives bancaires.

                     Redoutée par les uns, brandie par d'autres pour
freiner les ardeurs
                     judiciaires, la menace de voir dégénérer l'affaire
Elf en scandale
                     franco-africain a ainsi définitivement pris corps.
Souvent désigné
                     comme le « M. Afrique » du groupe Elf,
interlocuteur privilégié des
                     dirigeants des pays du golfe de Guinée - dans
lesquels se situent les
                     principaux gisements exploités par la compagnie
pétrolière
                     française -, M. Tarallo s'est soigneusement abstenu
de citer le nom
                     des véritables destinataires de ces sommes, mais il
a clairement
                     indiqué que « ces sommes provenaient de l'exécution
                     d'engagements » du groupe Elf, baptisés « contrats
de
                     souveraineté » et en vertu desquels des «
rémunérations » occultes
                     devaient être versées aux présidents africains. 

                     Répondant avec une subtile maîtrise aux questions
de M. Perraudin,
                     il a explicitement évoqué l'existence d'accords
écrits entre Elf et son
                     « mandant », déclarant notamment : « Je ne peux que
penser qu'il y
                     avait une relation contractuelle entre les deux
parties. » Au juge
                     suisse, M. Tarallo a en tout cas affirmé que « des
dispositions
                     écrites [avaient] été prises » entre M. Bongo et
lui, précisant :
                     « Celles-ci sont en main de mon mandant. » Au cours
de son
                     interrogatoire du 4 mai, il a ajouté avoir tenu «
des états » des
                     mouvements financiers effectués à partir de ses
comptes et a
                     conclu : « Je vais demander à mon mandant
l'autorisation de vous
                     les remettre. »

                     Ecarté de ses responsabilités opérationnelles en
1991 par le PDG
                     d'alors, Loïk Le Floch-Prigent, puis officiellement
retraité au mois de
                     mars 1993, l'ancien homme fort des affaires
africaines d'Elf a
                     désigné, devant le juge Perraudin, Alfred Sirven,
ex-directeur des
                     « affaires générales » d'Elf considéré comme le
personnage-clé de
                     l'affaire, en fuite depuis deux ans, comme
l'ordonnateur des virements
                     occultes au profit des chefs d'Etat. L'enquête du
juge Perraudin
                     atteste, de fait, l'existence de mouvements de
fonds entre certaines
                     sociétés-écrans gérées par M. Sirven et des comptes
dont les
                     dénominations évoquent explicitement M. Tarallo :
Centuri, du nom
                     de son village natal en Corse - à la Banque de
dépôt et de gestion et
                     à la Bondpartners de Lausanne ; Bonifacio, lieu de
sa résidence
                     insulaire - à la banque Hottinger de Genève ; et
Colette, prénom de
                     son épouse - à l'Union bancaire privée de Genève. 

                     Les pièces transmises par le juge suisse à ses
homologues français
                     incluent deux courriers du président Bongo, datés
de 1996 et dans
                     lesquels celui-ci revendiquait, auprès des banques
helvétiques, la
                     propriété des comptes Centuri et Colette. A la même
date, M. Tarallo
                     avait confirmé à ses banquiers que les fonds qui y
étaient entreposés
                     n'étaient pas les siens, afin de permettre leur
transfert sur de
                     nouveaux comptes, dont l'ayant droit était cette
fois le conseiller
                     personnel du président gabonais pour les questions
pétrolières,
                     Samuel Dossou.

                     « De nombreuses opérations globales [de versement
de
                     commissions] menées par M. Sirven, a expliqué M.
Tarallo, ont
                     conduit à l'approvisionnement des comptes cités
(...). Cette pratique
                     est la seule qui permette l'exécution de contrats
dits de souveraineté
                     dans les conditions de discrétion qui sont
indispensables. Cette
                     pratique est utilisée, à ma connaissance, depuis
l'origine du groupe
                     Elf et elle est également utilisée par de très
nombreuses sociétés. »
                     Au cours d'un de ces interrogatoires réalisés par
le juge Perraudin,
                     M. Tarallo avait déclaré : « Il est évident que la
constitution de
                     caisses noires hors bilan était (...)
indispensable. C'est le cas de
                     toutes les sociétés pétrolières dont j'ai eu à
connaître. » A titre
                     d'exemple, et « pour la compréhension générale »,
l'ancien directeur
                     d'Elf a même révélé qu'en 1998 plusieurs compagnies
pétrolières
                     avaient versé « plus de 1 milliard de dollars » de
commissions
                     occultes - des « bonus », en langage pétrolier - en
Angola pour
                     obtenir des permis d'exploration dans les eaux
territoriales de ce
                     pays.

                     Ancien PDG d'Elf Gabon, M. Tarallo avait été mis en
examen en
                     1996, la veille de l'incarcération de l'ancien
président d'Elf, Loïk
                     Le Floch-Prigent, en raison de son intervention
dans le montage
                     financier conçu au profit du groupe textile
Bidermann, dont les filières
                     passaient déjà par Libreville ( Le Monde du 5
juillet 1996). Une
                     deuxième mise en examen lui avait été notifiée
l'année suivante,
                     après qu'eut été exhumé le versement d'une
commission de
                     2,5 millions de dollars, en marge d'une opération
pétrolière au
                     Venezuela, sur le fameux compte Colette.

                     Sous la menace d'une incarcération, le jour de son
soixante-dixième
                     anniversaire, M. Tarallo s'était défendu en se
posant en
                     « gestionnaire de comptes pour autrui », tout en
affirmant ne vouloir
                     « mettre en cause personne ». Il avait ensuite
assuré avoir ouvert ce
                     compte genevois à la demande de M. Dossou, le
conseiller
                     particulier de M. Bongo. Au cours des semaines
précédentes, le
                     président gabonais Omar Bongo avait alors informé
son homologue
                     français, Jacques Chirac, d'abord par écrit, puis
au téléphone, des
                     inquiétudes que lui inspirait l'enquête judiciaire
sur l'affaire Elf ( Le
                     Monde du 8 avril 1997).

                     Les investigations menées en France par la brigade
financière avaient
                     permis d'établir, par la suite, que le même compte
Colette, ouvert en
                     1991 et clôturé au mois d'août 1996, avait été
crédité de sommes
                     considérables, culminant à 38,5 millions de francs
en septembre
                     1994. Dans un rapport de synthèse adressé aux juges
Joly et
                     Vichnievsky, les enquêteurs français avaient estimé
à 3,91 millions
                     de francs les dépenses engagées par M. Tarallo à
titre personnel à
                     partir de ce compte, pour l'essentiel consacrées au
chantier de sa
                     villa en Corse-du-Sud, dont le montant total
avoisina 90 millions de
                     francs (lire ci-contre). Les recherches du juge
Perraudin auprès des
                     banques suisses font apparaître que le compte
Bonifacio fut
                     principalement voué à l'achat et à la construction
de cette
                     somptueuse demeure, ainsi qu'à l'achat d'oeuvres
d'art. « Je suis le
                     propriétaire juridique de cette villa, qui a été
conçue pour être une
                     villa de réception destinée aux rencontres
franco-africaines », a
                     indiqué M. Tarallo au juge Perraudin, précisant que
les dirigeants du
                     groupe Elf « connaissaient ce projet de
construction ».

                       H. G. 



                     Une résidence corse à 90 millions de francs 

                     Baptisée Cala Longa, la villa d'André Tarallo,
érigée dans le maquis
                     corse, non loin du golfe de Bonifacio
(Corse-du-Sud), a des allures de
                     résidence hollywoodienne. Selon les estimations
policières,
                     récapitulées dans un rapport de la brigade
financière daté du 27 mai
                     1997, « les dépenses identifiées réalisées par M.
Tarallo pour
                     l'acquisition, la construction et l'aménagement des
jardins de [la]
                     villa (...) peuvent être chiffrées à 89 437 366
francs ». Ces
                     dépenses furent réglées, pour l'essentiel, grâce
aux fonds extraits de
                     deux comptes ouverts à la banque Hottinger et Cie,
l'un à Zurich,
                     l'autre à Genève - baptisé « Bonifacio ». Par ces
deux comptes ont
                     transité, au total, quelque 55 millions de francs
suisses (220 millions
                     de francs).





                     Le Monde daté du dimanche 24 octobre 1999